La ruse et l’invention permettent à l’être humain de s’arracher à ses déterminations physiologiques. L’évolution de l’espèce ne s’accomplit pas au même rythme que le renouvellement de sa culture. Là résident une source de frustrations terribles et le rêve, caressé depuis l’aube de l’humanité, qu’elle puisse rompre avec l’ordre naturel, une ambition portée par les héros des récits mythologiques tels Gilgamesh ou encore Prométhée.
L’avènement des technosciences depuis la seconde moitié du XXe siècle laisse entrevoir la possibilité que l’homme puisse s’émanciper de son héritage évolutionnaire. Ces schémas d’anticipation ont été exacerbés par l’art, le cinéma et la littérature, dans des œuvres à partir desquelles se sont construites nos représentations du monde futur. Dans la culture transhumaniste, le développement du génie génétique et de l’intelligence artificielle annonce l’obsolescence du genre humain, devant lequel marcherait bientôt le dernier homme.
Ce dépassement hypothétique, martelé outre-Atlantique, relayé avec ferveur par la Silicon Valley, est-il plausible, et surtout, est-il souhaitable ? De nouveaux régimes artistiques (art-science, art corporel, arts numériques) accompagnent les mutations anthropologiques en cours d’instauration. Quelle part de responsabilité ont-ils dans la consolidation de ces imaginaires ?
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