La question du nihilisme a une longue histoire. Elle émerge au sein de l’idéalisme allemand, se déploie ensuite dans l’intelligentsia et la littérature russes, puis trouve chez Nietzsche et Heidegger ses explorations les plus influentes. Si le mot semble moins courant depuis un demi-siècle – comme d’autres termes aussi chargés, pensons à celui d’aliénation – les enjeux qu’il soulève demeurent toutefois au cœur de la pensée contemporaine. Les risques environnementaux nourrissent d’ailleurs plus que jamais l’inquiétante intuition que de puissantes dynamiques de dévalorisation du réel sont à l’œuvre dans les sociétés modernes.
Ces douze essais, qui font largement entendre la voix d’une nouvelle génération, n’ont pourtant pas pour but de défendre une thèse commune. Ils explorent plutôt les multiples aspects du nihilisme et se confrontent à ses grandes interprétations. Sont ainsi proposées autant de pistes pour rejoindre les débats sur le capitalisme, la technique, l’éducation, le patriarcat, le roman ou la démocratie. Pluralité revendiquée, qui illustre néanmoins un même ancrage dans les défis du monde actuel.