Le tout dernier Baudelaire

Bouffon, baroque, Belgique

Patrick Thériault
couverture

Le séjour prolongé de Baudelaire en Belgique pose des questions. Toutes ses motivations ne sont pas claires. Chose certaine, le poète qui se rend à Bruxelles le 24 avril 1864 et y reste plus de deux ans n’est pas entièrement absorbé par la perspective de l’échec. Il est sur une pente descendante qu’il ne peut remonter ; il en vient à l’admettre. Mais il n’en continue pas moins d’opposer une résistance assez ferme au silence et au désœuvrement.

La Belgique déshabillée en témoigne. L'ensemble de notes mal dégrossies que l'on désigne sous ce titre conserve les traces de ce qui aura représenté le dernier projet d’importance mis en chantier par Baudelaire. À l'examen, cette ébauche de livre réserve de belles découvertes d'ordre critique et esthétique. Elle laisse notamment entrevoir les rudiments d'une satire qui, tout en prolongeant la tradition d’un grotesque bien connu de son siècle et bien ancré dans l'écriture des Fleurs du Mal et du Spleen de Paris, s’annonçait incontestablement originale.

L'expérience du poète en Belgique n’introduit pas de coupure franche dans sa vie et son œuvre – qui n’en comptent probablement aucune. Mais elle imprime en elles une sorte de césure. Une ponctuation suffisamment marquée pour nous inviter à discerner dans l’identité de ce dernier Baudelaire qui nous est aujourd’hui assez familière, le profil moins connu d’un tout dernier Baudelaire.

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