La corrida est aimée par certains, les aficionados. À une époque encore récente cet amour avait toute sa légitimité. Beaucoup d’artistes, d’écrivains, de penseurs l’ont appréciée et justifiée.
La corrida est haïe par d’autres. Si ce sentiment a toujours existé on doit reconnaître que, porté par des valeurs animalistes, il a gagné en force ces dernières années. Pour l’anti-corrida elle n’est qu’un spectacle de pure violence meurtrière qu’il faudrait abolir.
L’enjeu du livre n’est ni de légitimer à nouveau la corrida, ni de l’invalider, mais de comprendre les raisons et le sens de ce retournement. Pourquoi l’aime-t-on et a-t-il longtemps été légitime de l’apprécier ? Pourquoi la déteste-t-on et semble-t-il normal de la haïr ?
Des jugements si opposés expriment des rapports profonds de l’homme à la mort. Si pour l’amateur de corrida elle doit être montrée par des codes, celui qui déteste le spectacle tauromachique ne veut pas même entrevoir la moindre forme de mortalité. Ce sont aussi des rapports spécifiques à l’animalité qui se manifestent. Si l’aficionado voit dans un taureau un animal que l’homme doit maîtriser, l’anti-corrida ne peut le considérer que comme un être vulnérable qu’il faut préserver.
Paul Ducros (Auteur)
Paul Ducros, agrégé, docteur et HDR en philosophie, est professeur en CPGE littéraires. Il est notamment l’auteur de Sensibilité et imagination. L’esthétique de Hugo von Hofmannsthal (2017).
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