L'administration accorde une grande importance au langage, au point de laisser penser à ses agents qu’il n’y a rien de plus important. Les agents de l’administration ont donc toujours quelque chose à dire. Ils estiment aussi que tout ce qui est dit devrait l’être d’une autre façon. Enfin, s’ils continuent de croire qu’il y a forcément quelque chose de plus important que le langage, c’est dans le seul but d’en parler.
Parallèlement, ces agents ne prêtent aucune attention à des mots qui reviennent sans cesse dans les innombrables textes, « petites notes », comptes rendus, explications, rapports, que l’administration attend d’eux. J’en ai collecté quelques-uns, comme « permettre », « dans le cadre de… » ou encore « en matière de… ». Il m’a semblé que ces mots et expressions dérivaient, isolés, comme s’ils étaient retranchés du langage. J’ai alors cherché le plus loin possible dans leur platitude et leur insignifiance de quoi faire une autre expérience de l’importance du langage.