Affirmer que nous sommes au seuil d’une nouvelle époque dans l’étude scientifique du religieux au Québec serait sans doute exagéré. Quelques observations le suggèrent néanmoins : reconfigurations institutionnelles dont les effets demeurent difficiles à évaluer (fermetures de facultés et ouvertures de centres, écoles ou instituts), intérêt renouvelé pour l’objet religieux chez les universitaires qui n’identifient pourtant pas leurs travaux comme relevant des sciences des religions ou de la théologie, entrée en scène d’une génération de chercheurs ayant intégré un nouvel habitus professionnel (internationalisation des parcours, multiplication des publications, financiarisation de la recherche, etc.), actualité qui place certaines expressions du religieux au cœur des débats de société.
Il y a là une situation à saisir et à comprendre. C’est cet objectif ambitieux que se sont fixé trente-neuf universitaires du Québec et d’ailleurs, en autant de thèmes qui tentent de circonscrire les transformations québécoises d’un champ d’études et de son objet religieux : évolution des institutions et des associations savantes, nouveaux enjeux épistémologiques, expressions socioreligieuses contemporaines, mises en comparaison internationales. Au terme de cet exercice en forme de bilan persiste une lancinante question : et si la fondation québécoise des sciences des religions demeurait inachevée ?